Le groupe Demain a décidé de faire un retour en arrière pour vous présenter son histoire en quelques étapes, qui seront publiées petit à petit : car si Juratri est devenu le groupe coopératif Demain en 2017, ses origines, son projet et son ancrage dans le territoire sont bien plus anciens...
Sigles :
• ALCG = Association de Lutte Contre le Gaspillage
• SYDOM = Syndicat Départemental des Ordures Ménagères
• CDTOM = Centré Départemental de Tri des Ordures Ménagères
Les premiers pas avec l'ALCG
Tout a commencé avec la création de l’ALCG en 1979, dont les objectifs étaient déjà d’accueillir et de faciliter la réinsertion des personnes en difficulté, de lutter contre le gaspillage par la récupération des matières recyclables et par la valorisation des objets réutilisable…
« Notre finalité de travailleur social n'est pas seulement qu’une personne trouve un travail mais qu'il y ait une adéquation entre ce qu'elle désire et une autonomie financière et personnelle qui la rende libre, consciente de la force qu'elle a en elle et de ses droits... » témoignait alors un travailleur social. Créée par une poignée d'utopistes dans les années 70, cette association jurassienne est un symbole de lutte contre le gaspillage et la surconsommation. Très vite l'essor de l'association et de son rayonnement se font sentir, elle se positionne peu à peu dans l'activité de collecte, de tri et de gestion des décharges dans le Jura : elle avait à l’époque une collecte sélective en porte à porte qui se faisait au rythme d’une fois par semaine à Poligny, deux fois par mois à Arbois, tous les trois mois dans les villages.
Le lancement de la SARL Juratri
Mais au début des années 90, l’activité risque de se réduire par la mise en œuvre départementale de la gestion des déchets et notamment la collecte de la poubelle bleue (cartons, papiers, boites de conserves) qui retire une partie des activités de l'association. Ainsi l’ALCG était visionnaire par rapport au département, lui-même en avance sur la réglementation nationale puisqu’en 1994 sera votée une loi qui interdira les décharges d’ordure ménagères brutes à l’horizon 2002. Il faut donc se recadrer, profiter du lancement d’un département entier dans le tri plutôt que le subir, faire fructifier l’expérience acquise dont témoignent les nombreuses sollicitations pour des colloques.
La première idée consista à positionner l’ALCG sur la gestion des déchetteries. Une quinzaine de ces centres d’apport volontaire est envisagée par le Sydom afin de compléter la collecte de ce qui ne peut ou ne doit rentrer dans les bacs bleus ou gris. Les déchetteries devront être gardées et surveillées, ce qui correspond parfaitement aux compétences de l’ALCG depuis sa naissance.
Mais aussi, le Jura doit s'équiper et a besoin de nouvelles structures : il y a des places à prendre ! Qu'à cela ne tienne, en 1992 l'ALCG crée une société anonyme à responsabilité limitée (S.A.R.L) en s'associant à trois industriels de la collecte et du recyclage : c'est la naissance de Juratri, dont l'association détient 70% du capital. L'entreprise est alors conventionnée comme entreprise d'insertion pour 10 postes et se positionne sur le travail du tri et de la gestion des déchetteries. En octobre 1993, les premiers trieurs manuels sur tapis roulant entrent en action à Crançot. L'expérience est probante. Lorsque que le CDTOM entre en action en avril 1994, le Sydom et Juratrom (le gérant de l'usine) pensent à Juratri pour la chaîne de tri manuel des déchets recyclables. Les habitants les ont jetés en vrac dans leur poubelle bleue, il faut donc éliminer le rebut et trier par groupe de matériau : carton, papier, boîtes de conserves, plastiques...
L'aventure démarre et Juratri s’engage à développer un processus d’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation d’exclusion en appuyant son projet social sur un projet économique lié au développement durable… Juratri a le statut d'entreprise d'insertion, conventionnée au départ pour dix postes. Ils sont à l'époque subventionnés à hauteur de 38 000 francs par an chacun, compensation de la moindre productivité de ces travailleurs et du surencadrement nécessaire.
A suivre...